Lettres ouvertes aux décideurs
Lettre ouverte en réponse à l’allocution de Monsieur MACRON, du 13 avril 2020
Monsieur le Président de la République Française, Messieurs les membres du Gouvernement.
Suite à l’allocution de Mr MACRON, nous souhaitons vous faire part de nos sentiments et de nos réflexions.
Nous ne pouvons que constater avec vous que la crise sanitaire affaiblit notre société, dans sa globalité.
Elle augmente les fractures sociales à l’échelle locale et mondiale. Plusieurs dizaines de milliers de personnes luttent actuellement pour leur survie, plus difficilement dans certains pays que dans d’autres. De même, la fracture numérique est plus présente que jamais. Vous avez largement développé l’implication des métiers « vitaux » qui ont permis à la France de continuer à vivre, mais il ne faut pas qu’après cette crise, ceux-ci retournent à nouveau dans l’ombre. Ces professionnels doivent être écoutés, ces métiers doivent être revalorisés, ces filières doivent être développées et valorisées.
Notre avis est que cette crise n’est qu’un symptôme d’un problème plus vaste qui nous concerne tous, dans notre façon de consommer et de gouverner (mondialisation dérégulée, sous-estimation des problèmes environnementaux, manque de communication et de coopération internationale).Les problèmes changent d’échelle, il faut que les solutions soient aussi bien locales que globales. Les premières victimes de ces politiques sont les personnes en grandes difficultés, que ce soit en France, dans les pays industrialisés mais plus encore dans les pays en voie d’industrialisation. Il nous faut apporter un équilibre entre la mondialisation nécessaire pour permettre à chaque pays d’acquérir une autonomie et un niveau de vie équivalent et l’importance de l’autonomie industrielle et alimentaire, réclamé depuis de nombreuses années par les organisations non gouvernementales, par les écologistes, etc. Nous ne pouvons pas nous permettre de redevenir dépendant d’autres pays dans des domaines vitaux, comme l’alimentation par exemple.
Le modèle de notre société n’est plus viable. Une des solutions, que beaucoup d’entrevous, préconisent depuis des années est Le revenu universel. Il permettrait aux personnes de se consacrer à l’entraide et à la solidarité, pas seulement en temps de crise, ce qui permettrait aux associations entre autres, de pouvoir s’investir auprès de la population de façon plus régulière et plus importante, mais aussi aux parents qui souhaitent s’occuper de leurs enfants, de le faire. Les personnes faisant ce choix, libéreront des emplois, ce qui influerait les chiffres du chômage ; tout le monde y trouverait son compte.
Cette crise a démontré aussi que les citoyens étaient capables de prendre des initiatives et de s’impliquer quand le besoin s’en fait sentir. Il faut valoriser les initiatives citoyennes et leurs laisser plus de place dans le débat démocratique. Les initiatives citoyennes, le don de soi de certaines professions est ce qui nous permet de faire face à cette crise, pas les politiques gouvernementales. Il faut en tirer des leçons.
La réouverture des écoles nous semble plus motivée par des intérêts économiques et non par des raisons sociales. Quand bien même un redémarrage de l’économie française serait nécessaire, envoyer les enfants à l’école sans être certain de leur sécurité (et in-extenso, de celle de l’ensemble de la population) semble malvenu.
Nous sommes d’avis et nous sommes nombreux à le penser que le déconfinement sans tests systématiques est non seulement inutile mais pourrait s’avérer dangereux. Vous dites vous-même que si le Covid-19 recule c’est grâce au confinement, alors dé-confiner sans tester systématiquement la population, c’est déclencher une bombe à retardement.
Ce n’est pas l’épidémie qui affaiblit la démocratie, ce sont les politiques qui attaquent le droit du travail ; les décisions non urgentes, qui sont prises en silence, alors qu’elles auraient pu être reportées pour que le débat démocratique puisse avoir lieu sereinement.
Nous vous remercions Monsieur Le Président, Messieurs les Ministres et nous vous demandons de prendre plus en considération vos concitoyens.
Pour l’ensemble des membres de la Coordination M.E.R.V.E.I.L.L.E.S. du Monde à travers la planète,
Le bureau exécutif international, le 20/04/2020
Lettre Ouverte
A l’attention de tous les décideurs
La pandémie de Coronavirus se présente de jour en jour, plus seulement comme une crise sanitaire mondiale ; mais comme une crise globale qui touche jusqu’au secteur du travail et de l’emploi décent, la pauvreté, la faim, en bref tous les domaines du développement durable.
Si dans les pays développés le télétravail est promu comme alternative majeure pour faire face à la cessation du travail avec les prescriptions de confinement, cela n’est pas le cas pour les pays du sud. Ces derniers ont un faible accès aux connaissances dans les domaines du numérique et la majeure partie de la population ne dispose pas d’une véritable couverture sociale. Ils travaillent dans l’informel, au jour le jour. La situation est déjà critique en temps normal, elle va vite devenir catastrophique.
Plusieurs autres mesures de riposte contre le COVID-19, telles que la distanciation sociale, la fermeture des marchés, et autres secteurs économiques dit non essentiels (quoi que nécessaire pour réduire la propagation) est difficilement respecté dans certains pays du sud. Ces mesures déjà difficilement surmontables par nos pays industrialisés, seront, à terme néfastes pour l’économie, l’emploi et le travail mais encore plus important pour les nations du sud, qui n’ont pas de SAS de pressurisation. Nous pouvons craindre en effet, des licenciements en masse à la suite de la fermeture des petites et moyennes entreprises, des baisses du Chiffre d’affaire et des pressions fiscales diverses dans ces pays où l’aide gouvernementale n’est pas à la l’ordre du jour, si ce n’est aussi dans les pays où des accords sont pris.
Selon l’Organisation internationale du travail environ 25 000 millions d’emplois sont actuellement menacés dans les entreprises en Afrique, que dire des emplois informels qui nourrissent et font survivre la plus grande partie de la population.
La Coordination Internationale M.E.R.V.E.I.L.L.E.S. du Monde, à travers tous ses responsables et tous ses membres à travers le monde, tire la sonnette d’alarme pour les pays du sud, auprès de l’ensemble des partenaires du développement, car la jeunesse (africaine en particulier) sans emploi décent ne pourra contribuer au développement durable de leurs pays. Celle-ci se tournera certainement vers une immigration clandestine hasardeuse, en quête d’un Eldorado, qui n’existe plus.
Cet appel vaut pour tous les pays, quel que soit le continent, où le seuil de pauvreté n’est plus un seuil mais un constat d’échec de la solidarité humaine qui devrait pouvoir élever chaque citoyen du monde à un minimum vital.
Le monde doit changer ! L’autonomie alimentaire mise en avant. Le développement de chaque pays doit être favorisé. L’Homme doit être placé au centre de l’attention et l’économie de marché revu et remis à sa juste place. Il aura un avant et un après Covid -19. Les choses doivent évoluer. Le problème du climat, la justice sociale, la santé, … doivent être primordiales. Il est temps d’en finir avec la passivité et d’avancer TOUS ENSEMBLE vers un avenir meilleur ou aller à notre perte. Le rêve de la construction d’un monde meilleur a besoin des actes audacieux. Il est temps que les pays du sud ne soient plus dépendant de la « générosité » des pays du Nord mais deviennent de acteurs de leurs développements, des consom’acteurs pour les pays du nord qui pourront ainsi, eux aussi, se relever plus fort.
Donc concrètement, nous demandons que des dispositions soient prises au niveau mondial pour
Dans l’immédiat :
- Que les dividendes des grandes entreprises soient obligatoirement réinjectés dans l’économie mondiale. Comme le dit la chanson de J.J. Goldmann, fini le temps du chacun pour soi !
- Renforcer les actions que des personnes physiques ou des entreprises ont déjà mises en place par solidarité. Nous demandons que les entreprises et que tous les corps de métiers possédant des outils ou des techniques, contribuent à la fabrication de matériels de protection, afin de fournir le personnel soignant, le personnel des services vitaux, les agriculteurs, ainsi que le personnel de nettoyage des hôpitaux et les éboueurs. Il est important d’inciter tous les agents socioéconomiques à participer fortement à l’effort collectif afin d’aider la population défavorisée dans tous les pays, spécialement dans les pays du sud.
- Prendre en considération, les actions de tous les participants de la société civile dans ce combat et de les aider financièrement à mettre en place pendant et au-delà de la crise les moyens de lutter contre le Covid-19 et d’activer le développement durable pour que tous les continents soient les acteurs de leur développement et non plus des spectateurs passifs.
- Réagir plus rapidement pour venir en aide aux SDF.
- Prendre en considération toutes les strates de la société pour leurs apporter toute l’aide nécessaire. Nous pensons à l’aide à l’enfance, aux personnes handicapées, …
Après la crise :
- La mise en fonctionnement effectif d’une Couverture Sociale Universelle pour tous.
- Le retour à l’autonomie alimentaire même si un abandon complet de la mondialisation n’est pas envisageable, ni souhaitable. Il nous faut trouver un équilibre, ne plus dépendre complètement les uns des autres. Nous en voyons les limites aujourd’hui où nos entreprises, comme au temps de la dernière guerre sont obligées de se mobiliser pour fournir les articles.
- La généralisation de l’accès effectif au TIC pour tous les enfants en âge scolaire : fourniture de tablettes (moins de déboisement, moins de poids pour l’enfant, plus d’ouverture éducative, même si nous sommes conscient que le développement des outils informatiques pose d’autres problèmes) ; l’accès effectif aux outils TIC, pour que le travail soit accessible à tous en toutes circonstances ; le développement d’un programme de formation à l’usage des outils de la nouvelle Technologie de l’Information et de la Communication.
Nous attendons tous de la part des décideurs que vous êtes une réponse rapide, concrète et efficace à l’exceptionnelle situation dans laquelle nous nous trouvons tous, mais face à laquelle nous n’avons pas tous les mêmes armes.
Salutations Solidaires
Pour le Conseil d’administration international de la coordination M.E.R.V.E.I.L.L.E.S. du Monde